Lot 18
  • 18

Nicolas de Largillierre

Estimate
40,000 - 60,000 EUR
bidding is closed

Description

  • Nicolas de Largillierre
  • Portrait de jeune femme de trois-quarts
  • Inscrit sur l'écharpe Plutôt la croix que les fleurs
  • Huile sur toile

Condition

The painting seems to be in overall very good condition. It has been properly relined fifty years ago. Under a very durty varnish. There are some small lacks in the pink drapery of the woman, in the center of the work. We can notice a trace of glue on the right, in the landscape. Under UV lamp: The painting has an oblique tear (20 cm) starting from the hand holding the flower and ending into the foliage near the head. This tear has been properly restored. There are some retouchings in the pink drapery and in the white blouse. Restoration along the right edge, due to the frame. We can notice a restoration between the two jewels on the dress.
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Catalogue Note

Expression parfaite de la nécessité où se trouvait chacun de vivre en une continuelle représentation[1], les portraits de Nicolas de Largillierre tirent leur importance non seulement de leur esthétique picturale, mais également de l'histoire contemporaine. Révéler le talent de l'artiste autant que les mœurs de son époque, tels sont par conséquent les principaux attraits de l'œuvre du peintre et du présent tableau.

La thématique même de ce Portrait de jeune femme de trois quarts est à la fois caractéristique de la peinture de Largillierre et représentative du règne de Louis XIV. A la fin du XVIIe siècle, tandis que l'avènement du roi correspondait en France au retour de l'artiste, l'art de paraître en cour constituait la préoccupation majeure de l'aristocratie française. Pourtant, à Paris, les grands portraitistes manquaient alors. S'attachant rapidement les faveurs d'une clientèle bourgeoise, Largillierre rassembla donc tous ses talents autour du portrait. Instituant avec une désinvolture mesurée une formule adaptée à son public ainsi qu'à son siècle, l'artiste fit dès lors de sa peinture l'image sublimée de l'honnête homme, devenant ainsi l'un des portraitistes les plus prisés de son temps.

Comme les autres modèles des tableaux de ce type, la jeune femme ici portraiturée - dont l'identité reste ignorée – fait valoir tous les éléments de ce répertoire du portrait initié par Largillierre. Prenant place dans un premier plan radieux de lumière, sa silhouette émerge d'un arrière fonds de paysage ambitieux. Accentuées par la suggestion de cet effet de perspective, la frontalité et la majesté de sa figure permettent de percevoir avec justesse les expressions de son visage, son regard charmeur et son sourire discret. De cette manière, le personnage féminin apparaît dans toute sa véracité, en dépit de ses nombreux atours et de leur finalité décorative. En témoignent surtout la précision de sa gestuelle, la richesse des étoffes ou encore le raffinement des couleurs. En outre, et ce jusque dans les moindres détails, les nombreux empâtements confèrent à l'ensemble un aspect véritable, brillant et saillant. Cependant, à l'exactitude et à la rigueur réalistes de cette peinture répond aussi le charme fantaisiste de l'artiste. Ce dont attestent cette fois l'extrême volupté des matières tout comme l'intense préciosité de l'éclairage. Réalisme et fantaisie s'alliant finalement pour donner à l'ensemble de la composition l'aspect unitaire d'une reconstitution théâtrale reflétant, dans un cadre luxueux et par une chorégraphie festive, les préoccupations en apparence légères d'une société élégante.

L'intérêt stylistique d'un tel portrait tient au fait que s'y trouvent de la sorte contenues toutes les recherches de l'artiste : des inspirations de ses maîtres à ses propres choix. Formé à Anvers et en Angleterre, Largillierre sut s'imprégner des meilleures influences, parvenant à une observation aigue de la nature, à une maîtrise poussée du chromatisme et à une connaissance aboutie du portrait. Fort de ces héritages, emprunt de vie et de sensibilité, l'art de Largillierre apparut immédiatement comme une solution possible au conflit de goût qui opposait le charme du coloris et les vertus du dessin. Parvenant à soumettre à l'originalité de sa facture l'individualité de ses sujets, Largillierre devint plus qu'un simple portraitiste, un grand maître, dont l'œuvre mouvementée mais équilibrée, harmonieuse mais éclatante, sensible mais distinguée, demeure acclamée.

 

[1] Dominique Brême, Nicolas de Largillierre : 1656-1746, catalogue d'exposition, éditions Phileas Fogg, 2003, page 34.