Lot 240
  • 240

Important guéridon en bronze patiné et doré à plateau de pierres dures de l'Oural, travail russe de la fin du XVIIIe siècle, le dessin attribué à André Voronikhine (1759-1814)

Estimate
350,000 - 450,000 EUR
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Description

  • Haut. 72 cm, diam. 72 cm
  • Height 28 1/3 in; diam. 28 1/3 in
de forme circulaire, le plateau avec une mosaïque rayonnante de pierres dures enchassé dans une ceinture décorée d'attributs antiques ; reposant sur des montants ornés de Renommées soutenant une vasque centrale et terminés par des griffons ; base tripode ornée de rinceaux et colombes buvant dans une coupe ; la base à décor d'une frise de palmettes

Provenance

- Ancienne collection des comtes Stroganoff à Saint-Petersbourg jusqu'en 1918, vente des collections Stroganoff, Berlin, Galerie Lepke 12 et 13 mai 1931 lot 96 (illustré)
-  Ancienne collection de Gérard et Hervé Mille, Paris.
- Collection particulière

Condition

The illustration is really too clear and over exposed. The gueridon is quite stable and the structure is fine. The overall condition of the top is pretty fine with minor scratches. The gilding has a good colour and bears some expected wear in places. The giltbronze rim of the frieze (lower part) needs to be refixed. Two of the three birds on the stretcher need to be fixed. Overall condition is pretty good for this rare and superb piece which also has a prestigious provenance.
"In response to your inquiry, we are pleased to provide you with a general report of the condition of the property described above. Since we are not professional conservators or restorers, we urge you to consult with a restorer or conservator of your choice who will be better able to provide a detailed, professional report. Prospective buyers should inspect each lot to satisfy themselves as to condition and must understand that any statement made by Sotheby's is merely a subjective, qualified opinion. Prospective buyers should also refer to any Important Notices regarding this sale, which are printed in the Sale Catalogue.
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Catalogue Note

C'est très probablement pour le cabinet de minéralogie du Palais Stroganoff à Saint-Petersbourg que fut exécuté ce guéridon.
En effet le comte se constitua une collection de minéraux exceptionnelle dont une grande partie provenait de Russie. Ce cabinet était le plus important de Russie par la richesse de ses collections et c'est tout naturellement que le guéridon trouva sa place au centre de cette pièce dont le projet est illustré page précédente.

Quant à l'auteur du dessin, il faut probablement  y voir la main de l'un des architectes du comte Stroganoff, probablement même de son fils naturel l'architecte André Voronikhine et comme exécutant la Manufacture de bronzes crées par le comte Stroganoff qui présida également l'Académie des Arts jusqu'en 1800.

Deux autres guéridons de ce modèle avec toutefois des variantes sont répertoriés :

Le premier fit partie de l'ancienne collection Delbée-Jansen (Christie's Monaco, 11 décembre 1999, lot 506) puis de la Galerie Perrin avant de faire partie de la collection Greenberg (Sotheby's New York, 31 mai 2004, lot 291) d'un diamètre nettement plus petit.
Le seconde appartenait à l'antiquaire Jean-Pierre Deschandol en 1977 (ornements différents).

Le comte Stroganoff

Issu d'une puissante famille originaire de Novgorod qui au XVIe siècle colonisa en partie l'Oural et ses fabuleux gisements de minerai, Alexandre Serguievitch naquit en 1733.
Dès 1768, il participa à la création de l'Académie des Arts après un premier mariage avec Anna Vorontzoff en 1758, il épousa en 1771 Catherine Troubetskoy.
Il entreprit alors un second voyage en Europe et s'installa à Paris rue de Richelieu puis rue Montmartre et enfin rue de Verneuil. Ses deux enfants Paul et Nathalie naquirent à Paris.
Passionné par les arts, il se constitua alors une des plus importantes collections de tableaux, achetant dans les plus belles ventes de l'époque. Il commanda des tableaux à Hubert Robert et à madame Vigée-Lebrun, des bustes de Voltaire et Diderot au sculpteur Jean-Antoine Houdon, à l'ébéniste Jacques Dubois, une paire de consoles en ébène d'un dessin très original et chez la veuve Dulac, rue Saint Honoré, il acheta la paire de vases de l'ancienne collection Laura (vente Sotheby's Paris, le 27 juin 2001, lot 76).
En 1801, le Tzar Paul 1er nomma le comte Stroganoff Président du comité de contrôle de la construction de la cathédrale Notre-Dame de Kazan.

Le Palais Stroganoff

Bâti dès 1753 au cœur de Saint-Pétersbourg sur la Perspective Nevsky par l'architecte Francesco Batoloméo Rastrelli (l'architecte du palais d'hiver), le palais Stroganoff constitue de nos jours  l'un des joyaux de l'architecture pétersbourgeoise . Nettement influencé par le baroque italien, le palais, lors de sa construction présentait un décor baroque que l'on peut aujourd'hui trouver dans certaines églises de Bavière. Au retour du comte en Russie, il entreprit de nouveaux travaux à la fois d'agrandissement et de rénovation dans un style "antiquisant".
C'est aux environs de 1790 que la célèbre galerie de tableaux fut construite ainsi que le cabinet de minéralogie.

D'importants travaux de restauration ont lieu depuis maintenant dix ans dans ce palais et il est à souhaiter que les œuvres éparpillées en Russie, dans l'ex-empire soviétique et dans de nombreux musées et collections privées, puissent à nouveau faire l'ornement de cette demeure palatiale.

La collection Mille

Les frères Gérard et Hervé Mille comptèrent parmi les personnalités du Tout-Paris d'après-guerre. Gérard Mille, décorateur en vue, avait une prédilection pour les époques Louis XIV et Louis XVI. Le cadre néoclassique de l'appartement qu'ils partageaient dans l'hôtel Granard rue de Varenne (appartement qui devint celui de Maurice Druon) mettait en valeur d'importants meubles et sièges ainsi que de nombreux objets d'art dans une ambiance chaleureuse et jamais figée. Le visiteur pouvait admirer sur la tablette d'une cheminée Louis XVI une paire de vases grecs antiques etc...

Son frère Hervé, proche collaborateur de Jean Prouvost, participa à la création de Paris-Match et devint directeur de la rédaction de Marie-Claire et de Télé7 jours. Pendant un demi-siècle  qu'il soit rue de Montpensier ou rue de Varenne le salon des frères Mille fut le rendez-vous de l'intelligentsia parisienne, Coco Chanel et Misia Sert dont ils étaient intimes, Jean Cocteau et Bébé Bérard, Pierre et Hélène Lazareff, Colette, Arletty et tant d'autres.