Lot 74
  • 74

[Chronologie collée]

Estimate
55,000 - 65,000 EUR
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Description

  • [Chronologie collée]
  • Cronique Generale de tous les peres anciens prophetes, patriarches, et conducteurs du peuple hebrieu (sic), sibilles, faux dieux, grands pontifes, empereurs, roys, ducz, princes et aultres hommes illustres de toutes professions iusques au temps present. Dédiée au tres-ille et tres-excellt Prince le Duc d'Arscot.[Paris], 1620.
In-folio (363 x 230 mm). Titre manuscrit en médaillon monté au centre d'un large encadrement à enroulement gravé sur cuivre, enluminé aux armes d'Arenberg, dédicace manuscrite montée sur le feuillet 2, surmontée des armoiries d'Arenberg flanquées de deux anges, découpés et montés en tête du texte, le tout enluminé, et 219 feuillets collés dos à dos.



illustration : 1826 portraits gravés sur bois, coloriés à l'époque, la plupart par Léonard Gaultier. Les 12 gravures des Sibylles sont de Thomas de Leu. D'autres portraits seraient l'oeuvre de Marc Duval, Rabel, Thevet...



reliure de l'époque. Velours carmin sur ais, fermoirs de laiton doré. Charnières partiellement fendues, le velours des coins, coiffes et centre du second plat légèrement élimés. Titre et dédicace renforcés à la charnière.

Literature

J. Quétif et J. Echard, Scriptores ordinis praedicatorum, II, 414. -- Jonghe d'Ardoye, Armorial et biographies des chanceliers et conseillers de Brabant, III, 636. -- Anne-Duportal, 461 ; Etude, p. 159. -- Le Blanc, II, 156, p. 275. -- Thieme-Becker, Allgemeines Lexikon, vol. 13, 287--288. -- Jean Adhemar in Fonds Français XVIe s., II, [Gaultier], 281.

Catalogue Note

Exceptionnel exemplaire de la "Chronologie collée" composé et enluminé pour Philippe, prince d'Arenberg.
La Chronologie collée fut ainsi appelée "parce que les figures et le texte sont collés dans des cartouches disposés à cet effet " (Destailleur, 1891, n°438).

"Pour les livres à figures, on pouvait évidemment se demander à qui reviendrait le rôle principal, celui d'éditeur, du marchand d'estampes ou du libraire. De ce point de vue, il semble qu'au début du siècle, certains marchands d'estampes particulièrement dynamiques aient entrepris d'empiéter dans ce que les libraires de leur côté considéraient comme de leur ressort, et aient publié eux-mêmes des livres à figures dont le texte avait été imprimé chez eux. Dans ces conditions, la Communauté des imprimeurs et libraires engagea une série de procès à la suite desquels il fut interdit aux taille-douciers de faire accompagner leurs planches d'un texte excédant quelques lignes". (H.-J. Martin, Livre, pouvoirs et société à Paris au XVIIème siècle, I, 382).
Le procédé qui consiste à fabriquer des recueils factices avec textes et gravures collés à châssis permit aux marchands d'estampes de contourner la réglementation et d'éditer des ouvrages qui étaient véritablement des livres, sans pour autant encourir de poursuites. La Chronologie collée en est le plus célèbre exemple. La plupart des portraits gravés sont dus à Léonard Gaultier. On y voit les humanistes, savants, cartographes, médecins, poètes et artistes, jusqu'aux éditeurs et imprimeurs de la Renaissance, tels qu'Erasme, Abraham Ortelius, Gerard Mercator, Robert Estienne, Christophe Plantin, Claude Garamond. François Rabelais y est en compagnie des grands médecins de son temps, André Vésale, Ambroise Paré, Pierre Pithou, Guillaume Rondelet... 
"La partie la plus intéressante est celle des hommes illustres de la France, ornée de 144 portraits gravés par L. Gaultier des personnages les plus importants du XVIe siècle, Ronsard, Marot, Rabelais, Du Bellay, Coligny, Montluc, Estienne, Clouet, G. Pilon, Commines, etc., avec une explication de Gabriel Michel Angevin". (Destailleur).

Il s'agit pour la plupart des seules et uniques portraits que nous possédions de ces hommes du seizième siècle.

Le titre ainsi que la majestueuse dédicace manuscrite furent calligraphiés pour Philippe, prince d'Arenberg et du Saint-Empire, de Porcéan et de Rebecq, duc d'Aerschot, Grand d'Espagne, et chevalier de la Toison d'or (1587-1640). La dédicace en vers fut rédigée par Agustino Baretti, dominicain d'origine milanaise, "en signe de perpétuelle soumission". Ce religieux qui avait prêché en italien devant Catherine de Médicis, resta attaché à Marie de Médicis jusque dans son exil. C'est à Anvers chez Moretus qu'il publie son Discorso delle lagrime di Maria, en 1620. Il meurt cette même année, l'année même de la fabrication de ce présent pour le prince.

Ce livre est de toute évidence un cadeau diplomatique, qui a été l'objet de soins exceptionnels. Le rôle de Marie de Médicis ne lui fut sans doute pas étranger, ses liens avec la famille princière d'Arenberg datant de 1600 lorsque Charles d'Arenberg (1550-1616), le père du dédicataire, vint féliciter le couple royal français pour son union. Collectionneur, son fils Philippe devint un fervent admirateur de Rubens, chez qui Marie de Médicis finira sa triste vie d'exil. Peut-être se rencontrèrent-ils. Ce prince connaîtra d'ailleurs le même sort que Marie : il tombe en disgrâce en 1634 et meurt six ans plus tard exilé et en résidence surveillée à Madrid.

Les exemplaires de ce livre furent fabriqués à la demande et possèdent de ce fait des collations variables. La composition de l'exemplaire du prince d'Arenberg est semblable à l'exemplaire réalisé pour le duc de Lesdiguières, ainsi qu'à celui de Louis XIII, et tous trois pareillement enluminés et dorés avec grand soin de bout en bout par un miniaturiste de talent. L'exemplaire a conservé sa reliure d'apparat en velours, état rarissime.