Lot 108
  • 108

Baudelaire, Charles

Estimate
80,000 - 120,000 EUR
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Description

  • Baudelaire, Charles
  • Poème autographe signé.Epigraphe pour un livre condamné en 1857.[1861]
"mais si, sans se laisser charmer / ton oeil sait plonger dans les gouffres, / lis moi, pour apprendre à m'aimer [...] plains moi ! ... sinon, je te maudis."



Sonnet autographe signé avec 3 variantes inédites.
Un f. in-8 (250 x 132 mm), à l'encre noire. Petite déchirure sans manque à la pliure, trace d'onglet au dos du manuscrit.

Provenance

Descamps-Scrive (III, 1925, n°382). 

Literature

Claude Pichois. Baudelaire, Oeuvres, Pléiade, tome I, p. 137 et 1103-1105.

Catalogue Note

Exceptionnelle relique écrite en réponse à la condamnation des Fleurs du mal en 1857.
En juillet, l'édition est saisie et en août Baudelaire, Poulet Malassis et de Broise sont condamnés. Le tribunal correctionnel ordonne alors la suppression de six poèmes qui seront appelés par la suite "les pièces condamnées".

Claude Pichois dans la Pléiade ne fait que supposer l'existence de notre poème d'après le manuscrit Charavay de la Bibliothèque nationale : « Cet autre titre (Epigraphe pour un livre condamné en 1857), s'il était réellement attesté, prouverait que l'épigraphe fut peut-être destinée à l'édition de 1861, puis retirée. Dans [la revue] L'Autographe de 1865 on lit d'ailleurs cette précision : (...) 'Ce sonnet est la préface de la seconde édition des Fleurs du mal, un livre qu'on peut, qu'il faut discuter, mais qui n'est pas une oeuvre vulgaire'»

Ce touchant poème - plaidoyer poétique de Baudelaire contre la censure - parut le 15 septembre 1861 dans la Revue européenne avant d'être inséré comme pièce « CXXXIII » dans la troisième édition des Fleurs du Mal en 1868.
Le vers 3 de l'épigraphe, « Jette ce livre saturnien », atteste la filiation directe qui doit être faite entre ce poème et les "Poèmes Saturniens", premier recueil de Verlaine, paru en 1866.

Claude Pichois, dans la Pléiade, signale un second manuscrit de cette Epigraphe, conservé dans la collection Louis Clayeux, reproduit en fac similé dans L'Autographe en 1865.
Notre manuscrit diffère des versions imprimées et du manuscrit Clayeux par cette précision unique au titre : « en 1857 » ainsi que par trois variantes inédites :  la majuscule à "Réthorique", la ponctuation du vers 7 : « Jette !.... » et la majuscule à "Tu".
En plus de ces variantes, figurent quatre autres différences de ponctuation ou de majuscule avec le manuscrit Clayeux [le S de Satan n'est pas souligné trois fois comme dans le manuscrit Clayeux, "doyen" (v. 6) et non pas "Doyen", le vers 11 se termine par un "!" et non pas ";" et enfin il existe une inversion dans la ponctuation au dernier vers "Plains-moi...!"]. Signalons également que le titre et la signature de notre manuscrit sont soulignés deux fois par Baudelaire.