Lot 25
  • 25

28 lettres autographes de Louis XV au duc de Penthièvre. Versailles, Fontainebleau, Compiègne, Choisy, 1765-1771.

Estimate
60,000 - 80,000 EUR
Log in to view results
bidding is closed

Description

  • Louis XV
  • 28 lettres autographes de Louis XV au duc de Penthièvre. Versailles, Fontainebleau, Compiègne, Choisy, 1765-1771.
Le duc de Penthièvre est le seul enfant du comte de Toulouse (fils illégitime de Louis XIV et madame de Montespan) et de Sophie de Noailles. Né en 1725, le duc de Penthièvre a 15 ans de moins que Louis XV, mais partage avec le roi une passion, la chasse, et une personne chérie, la comtesse de Toulouse. A la mort du comte de Toulouse en 1737, le duc de Penthièvre reprend sa charge de Grand Veneur, l'un des très grands offices de la Maison du Roi, et devient ainsi, outre l'importance que lui donne sa naissance, un personnage des plus considérables de la cour.
Il ne se mêlera pas de politique, et meurt sans avoir été inquiété par la Révolution, dans son château à Vernon en 1793.
Sa vieillesse fut meurtrie par des malheurs bien plus personnels : il fut accablé par la mort de sa femme en 1754, par celle de son dernier fils encore en vie en 1768, par l'assassinat de sa belle-fille, la princesse de Lamballe (1792) et par la mort du roi votée par son gendre le duc d'Orléans (1793) dit Philippe Egalité, et mena à Rambouillet une vie retirée, mélancolique. L'y rejoint sa fille Louise Marie Adélaïde de Bourbon, après son mariage désastreux avec Philippe Egalité et la mort de son mari sous la guillotine.
 Le duc de Penthièvre fut l'un des hommes les plus riches d'Europe. Il avait recueilli l'énorme patrimoine des enfants du duc du Maine, comprenant les châteaux de Sceaux, Anet, Aumale, Dreux, Gisors
Il quitte Rambouillet, qu'il avait tant aimé, pour le céder à Louis XVI pour sa chasse, en emportant les neuf cercueils de son père, de sa mère, de sa femme et de six de ses enfants, qu'il alla déposer dans sa propriété de Dreux : c'est l'origine de la chapelle royale de Dreux, nécropole familiale des Orléans. Seule lui restait Adélaïde de Bourbon (1753-1821), dont il fit le plus riche parti du royaume.

Catalogue Note

56 ff. petit in-4 et in-4 (29 pages entre 170 x 114 mm et 217 x 168 mm). La plupart datées, signées, selon l'habitude de Louis XV. Adressées au verso A mon Cousin Le Duc de Penthievre, et cachetées de cire rouge ou noire à ses armes. Une enveloppe au même.

Cet extraordinaire ensemble de lettres fut écrit entre 1765 et 1771 de Versailles, Compiègne, Choisy, et Fontainebleau. Très lisibles, elles concernent souvent la chasse, dont Louis discute avec son Grand Veneur, avec les réponses à mi-marge de ce dernier, ses recommandations, les listes de piqueurs et valets de lévriers... Elles ont trait aussi à la comtesse de Toulouse dont il est très proche et en particulier à sa santé puis sa mort en 1766, à ses petits-fils, au futur Louis XVI. Elles mettent à nu l'esprit et le cœur du roi et nous révèlent un caractère, un humour, et une sensibilité très peu connus.
- Sur la comtesse de Toulouse. La santé de la comtesse de Toulouse, mère du duc de Penthièvre, dont Louis XV fréquentait assidûment le cercle qu'elle tenait en son château de Rambouillet, déclina rapidement en 1766. Louis XV lui écrit le 17 août 1766 : « je suis noir, vous me le dites, mais je n'ay que trop de raisons de l'être et j'ay grand peur de la certitude prochaine. L'avis de Tronchin dans la consultation me fait une peine extrême. Que je voudrais me tromper encore bien des années. »
- A propos du personnel de la Petite Meute, il écrit le 23 septembre 1766 : « Vous savez qu'excepté Augustin ils sont tous plus jeunes que moi, mais j'ay des petits fils qui, je croy, aimeront mieux la chasse que celui qui n'est plus [le Dauphin], sans compter le Grand Veneur qui me paraît ne pas la haïr. »
- Sur l'accident de chasse bien connu, en septembre 1766 : « Mon aventure surement a été enflée (...) Le sanglier qui etait fort gros (...) est venu a la charge a moy (...) Mon fusil a raté quand j'ay vu cela et que je n'avais pas le temps de le retourner (...) j'ay tourné mon cheval (...) et il a blessé mon cheval a la fesse... »
- Sur le prince de Lamballe : « J'attends sur l'avenir pour lui rendre mes bontés ce que je ferai avec satisfaction pour lui, mais surtout pour vous que j'aime depuis plus de 42 ans, et par consequent que j'aurais ete tres faché de perdre. » Sur sa vie à la cour : « j'ay vu hier Mr le duc d'Orléans, et avant hier Mr de Choiseul, lequel etait hier dans son lit avec la maladie a la mode, j'ay aussi Mr de Soubise, ainsy je suis au fait de tout ce dont vous me parlez. » Le 9 janvier 1768.
- Sur Marie Antoinette, le 22 octobre 1771, de Fontainebleau : «Notre malade [Marie Antoinette] va au mieux. Elle entre ce soir dans son 1er des jours critiques. L'espèce etant bonne j'espère qu'avec la grâce de Dieu elle s'en tirera bien. Je voudrais que mes trois petits-fils l'eussent eu comme elle... »
On joint une lettre signée de Louis XV à son cousin le duc de Penthièvre. Un feuillet in-4 (2 pp., 220 x 183 mm). Signée Louis, datée le 6 [1740]. Le roi exprime sa satisfaction sur l'attitude des Etats de Bretagne présidés par le duc, gouverneur de Bretagne. Louis XV abolira en 1771 le Parlement de Bretagne. Il sera rétabli par Louis XVI  dès 1774 (voir le lot n° 32).