Magnifique coupe, Kuba, République Démocratique du Congo

Probablement acquise par Carl Einstein en Belgique entre 1916 et 1918
Collection Harry Fuld Senior (1879-1932)
Transmise probablement à sa veuve Lucie Mayer-Fuld, ou encore à son second fils, Peter Harry Fuld
J.J. Klejman, New York
The Mozes S. Schupf Foundation, New York
Sotheby's, New York, 6 mai 1994, n° 188
Christine Valluet, Paris
Collection privée

Reproduite dans :
Carl Einstein, Afrikanische Plastik, 1921, pl. 37 (édition française en 1922)

Excellent condition overall. Wear consistent with age and use within the culture. A small superficial crack to the base at the rear and a few very small chips.
"In response to your inquiry, we are pleased to provide you with a general report of the condition of the property described above. Since we are not professional conservators or restorers, we urge you to consult with a restorer or conservator of your choice who will be better able to provide a detailed, professional report. Prospective buyers should inspect each lot to satisfy themselves as to condition and must understand that any statement made by Sotheby's is merely a subjective, qualified opinion. Prospective buyers should also refer to any Important Notices regarding this sale, which are printed in the Sale Catalogue.
NOTWITHSTANDING THIS REPORT OR ANY DISCUSSIONS CONCERNING A LOT, ALL LOTS ARE OFFERED AND SOLD AS IS" IN ACCORDANCE WITH THE CONDITIONS OF BUSINESS PRINTED IN THE SALE CATALOGUE."

Les coupes anthropomorphes et céphalomorphes, réservées à l'usage des chefs et des notables Kuba, constituaient pour les artistes des ateliers royaux de véritables exercices de virtuosité. Elles témoignent de la compétition permanente établissant, par la beauté de l'œuvre, le prestige de l'artiste et de ses commanditaires.

Ici, avec un vrai génie artistique, le sculpteur a porté à son paroxysme l'idéal de beauté en pays Kuba : cou long, yeux étirés en grains de café, ligne ininterrompue des sourcils s'abaissant à la naissance du nez court, ample front aux tempes évasées en une courbe tendue. Le superbe équilibre des traits est accentué par les motifs scarifiés et ornementaux, et la superbe finesse de la gravure et des modelés, mise en valeur par la patine brune, brillante.

On sait que l'écrivain allemand Carl Einstein fut, avec Negerplastik (1915), l'un des tout premiers historiens de l'art à produire une analyse approfondie de l'esthétique de la sculpture africaine. Une lettre adressée par Einstein à Paul Guillaume, non datée mais écrite selon toute vraisemblance en 1920 et conservée au musée de l'Orangerie (Paris), révèle que son rédacteur exerça aussi pour certains collectionneurs une activité de conseiller. Ainsi, il précise dans cette missive: "[...] oui, on achète des choses nègres en Allemagne. C'est un Monsieur Harry Fuld à Francfort à qui j'ai fait une grande collection congolaise[...]". 

Selon Jean-Louis Paudrat (communication personnelle, septembre 2009), « ce propos est sans ambigüité sur la constitution par Einstein de la collection « congolaise » de l'industriel et grand collectionneur Harry Fuld (1879 – 1932). En raison des dates d'une part de cette déclaration de Carl Einstein et d'autre part de la publication de la coupe Kuba, on suppose que la collection 'congolaise' de Fuld pourrait avoir été rassemblée par Einstein en Belgique. En effet, Carl Einstein y séjourne du printemps 1916 à novembre 1918 [...] il fréquente assidument le Musée du Congo Belge et sa bibliothèque, et très probablement aussi le commerce local des 'curiosités congolaises'".