Lot 46
  • 46

Joseph Werner

Estimate
12,000 - 15,000 EUR
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Description

  • Joseph Werner
  • La mort de Didon
  • Signé et daté au dos JWerner. fecit / 1668
  • Gouache sur vélin contrecollé sur une plaque de cuivre

Provenance

Très probablement, Collection de Philippe Quinault (1635-1688), Paris

Literature

Très probablement, Anonyme [P.L.], "Le cabinet de Quinault et les miniatures de Werner", in Revue universelle des Arts, Paris-Bruxelles, vol. XVIII, octobre 1863 - mars 1864, cité p. 47 et décrit p. 59 (extrait de "Peinture poétique des tableaux de Mignature de M. Quinot faits par Joseph de Werner" par J. Bahier).

Condition

The colours of the drawing are warmer and with strong contrast compared to the catalogue illustration. The flesh of the figures is more rosy. Very good overall condition. There are some patches of mould in the lower part of Dido's dress, in the blue drapery on the bed and on the blanket on the far left side of the composition, behind the vase, all visible in the catalogue illustration. On the back, paper attached to a copper plate with the artist's signature (under a broken glass). Some tears and losses in the lower part of that paper (image on request).
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Catalogue Note

On ne conserve que peu d'œuvres de Joseph Werner, bien que celles-ci s'inscrivent dans un corpus très diversifié, allant de la peinture de miniature extrêmement raffinée à la grande décoration. Après un long séjour en Italie, Werner se fit mieux connaître comme miniaturiste et fut appelé au service de Louis XIV, donnant à ses modèles les traits de dieux ou de déesses.

C'est à la cour du roi que l'artiste se lia d'amitié avec le créateur de l'opéra français, Philippe Quinault, pour lequel il réalisa une série de miniatures dont l'une avait pour sujet La Mort de Didon, très certainement l'œuvre que nous présentons. Dans un article consacré au cabinet de Philippe Quinault, il est dit que le poète "avait généreusement commandé au peintre miniaturiste suisse Joseph Werner une suite de peintures microscopiques qui firent l'admiration de la cour et de la ville, lorsqu'elles devinrent le principal ornement de son cabinet. On distinguait parmi ces jolis tableaux, les Muses sur le Parnasse, Diane, Flore, la Mort de Didon, Artémise et Cadmus vainqueur du dragon."  (voir [P.L.], op. cit., p. 47)

Didon était une princesse phénicienne tyrannisée par son frère, Pygmalion, rendu responsable de l'assassinat de son mari, Sychée. La jeune princesse avait fui la ville de Tyr pour se réfugier à Carthage avec sa suite afin d'y établir son royaume. Selon l'Enéide de Virgile, Didon était tombée éperdument amoureuse d'Enée lors du passage de ce dernier à Carthage. Après le départ du héros, elle se poignarda de désespoir. Selon une autre version, Didon préféra se sacrifier sur un bûcher plutôt que de prendre pour époux le roi Larbas de la peuplade nomade des Gétules. La miniature de Werner décrit les derniers moments de la princesse qui, munie d'un poignard et déjà sur le bûcher, est sur le point de se donner la mort, tandis que sa sœur et sa nourrice, Anne et Barcé, tentent en vain de l'en empêcher.

Le poète et humaniste Jean Bahier (1640-1707) composa quelques vers sur la miniature de Joseph Werner dans un long poème latin, traduit en français dans la Revue universelle des Arts en 1863-1864, écrit en hommage à son ami Philippe Quinault :

" L'admirable Werner a fait en cet ouvrage
De ses tristes succès une tragique image.
Ce chef d'œuvre d'un maistre et d'un art
sans pareil
Represente un bucher d'un superbe appareil.
Il est tout enrichy des dépouilles d'Enée,
Funestes monumens d'un funeste hyménée !
On y voit son portrait et ses dons à l'entour,
Restes infortunez d'un malheureux amour !
Au bas de ce bucher est une urne d'agate,
De qui l'art plaist autant que la matière éclate.
Une autre d'or massif, de pareille façon,
Est preste à recevoir les cendres de Didon. "
(voir idem, p. 59)

Cette composition qui témoigne d'une grande finesse et minutie dans le rendu des détails est signée et datée sur un papier appliqué au revers de la plaque de cuivre (voir détail ci-dessus).


THE DEATH OF DIDO

Signed and dated on reverse
Gouache on vellum, attached to a copper plate

Although Joseph Werner's surviving oeuvre is small, in range his works can vary from miniatures of the utmost refinement to decorative works on a large scale. After a long sojourn in Italy, he became best known as a miniaturist, in which capacity he worked for Louis XIV, typically rendering his models in classical guise.

It was while at court that the artist befriended Philippe Quinault, the founder of French opera, for whom he painted a series of miniatures, one of which, a Death of Dido is very probably the present work. In an article on Quinault's cabinet it is said that the poet had 'generously commissioned from the Swiss miniaturist Joseph Werner a set of tiny pictures which caught the imagination of both the court and the city, so that they became the principal adornment of his cabinet.' (see [P.L.], op.cit., p. 47).

Dido was a Phoenician Queen, tyrannised by her brother Pygmalion, whom she held responsible for the assassination of her husband Sychaeus. The young Queen fled Tyre and established her kingdom at Carthage. According to Virgil's Aeneid Dido fell madly in love with Aeneas when he came to Carthage, and stabbed herself in despair at his departure. According to other sources, Dido threw herself on a pyre rather than be married to King Iarbas of Gethulia. Werner's miniature depicts her last moments when, wounded by her dagger and already upon the pyre, she gives herself up to death even as her sister Anna and her nurse Barce try in vain to stop her.

The poet and humanist Jean Bahier (1640-1707) dedicated several verses to Werner's miniature in a long latin poem written in honour of his friend Philippe Quinault.

This work, remarkable for its extraordinary finesse and minute redering of details, is signed and dated on a paper attached to the reverse of the copper plate (see the above detail).