Lot 9
  • 9

Zhu Dequn (Chu Teh-Chun)

Estimate
350,000 - 450,000 EUR
Log in to view results
bidding is closed

Description

  • Zhu Dequn (Chu Teh-Chun)
  • Le printemps pointé II (Le printemps neigeux)
  • signé et daté; signé, daté et titré au dos
  • huile sur toile
  • Diptyque - l'ensemble: 162,5 x 260 cm, (overall: 64 x 102 3/8 in.)
  • chaque: 162,5 x 130 cm, (each: 64 x 51 1/2 in.)
  • Exécuté en 1985.

Provenance

Acquis auprès de l'artiste par le propriétaire actuel

Literature

Chu Teh-Chun, Moulin de Lambouray, Jouy, 2004, illustré pp. 50-51

Condition

Colours : The colours are fairly accurate in the catalogue illustration, although the colours are more vivid and vibrant in the original. The illustration does not convey the contrast of the original, which colours are brighter. Condition : This work is in very good condition. The canvas is not lined. Under UV light there is no evidence of any retouching.
"In response to your inquiry, we are pleased to provide you with a general report of the condition of the property described above. Since we are not professional conservators or restorers, we urge you to consult with a restorer or conservator of your choice who will be better able to provide a detailed, professional report. Prospective buyers should inspect each lot to satisfy themselves as to condition and must understand that any statement made by Sotheby's is merely a subjective, qualified opinion. Prospective buyers should also refer to any Important Notices regarding this sale, which are printed in the Sale Catalogue.
NOTWITHSTANDING THIS REPORT OR ANY DISCUSSIONS CONCERNING A LOT, ALL LOTS ARE OFFERED AND SOLD AS IS" IN ACCORDANCE WITH THE CONDITIONS OF BUSINESS PRINTED IN THE SALE CATALOGUE."

Catalogue Note

signed and dated; signed, dated and titled on the reverse; oil on canvas. Executed in 1985.

Le Mont Blanc et les Aiguilles sont ce soir là d'une beauté extraordinaire, les Aiguilles surtout sont d'une couleur de feu ardent, tout à fait extraordinaire... Les nuages accumulés ou plutôt épars dans les vallées et sur les montagnes au-dessus de nous font l'effet du monde le plus singulier, ce sont des tours, des châteaux, des géants, des formes les plus bizarres... Par dessus tous ces nuages nous voyons le Jura... et il sort du supérieur une espèce de flamme d'un bel aurore, inégale, claire et nuée.".
(Horace-Bénédict de Saussure, Journal, pp.96-139, éd. Guérin, Chamonix, 2007).

Ces lignes sans âge sont extraites du Journal qu'Horace-Bénédict de Saussure a écrit en 1787 suite à son ascension du Mont-Blanc.

Une période presque bicentenaire s'est écoulée entre cet exploit et le choc visuel que Chu Teh-Chun a reçu en 1985, en survolant en avion le spectacle fascinant des Alpes enneigées.

La vision aérienne des Alpes a-t'elle inspiré à l'artiste la réalisation de Printemps pointé II, ou bien a-t'elle suscité en lui la réminiscence des paysages de la Chine au travers desquels il a voyagé durant sa jeunesse ? Des montagnes, des fleuves et des vallées, dont Chu Teh-Chun porte en lui le souvenir, qu'il transforme virtueusement dans ses œuvres.

En particulier, peut-être se souvient-il du massif des Huang Shan (littéralement en chinois: la montagne jaune), tant célébré par les peintres et les poètes chinois, dont un proverbe local dit « qu'il n'est pas besoin de visiter des montagnes après qu'on ait vu les Cinq Montagnes Sacrées, mais pas besoin non plus de visiter les Cinq Montagnes Sacrées si l'on a vu les Huang Shan ». Cette région, située au nord-est de la Chine, est connue pour sa beauté, qui repose sur la forme des pics de granite, sur celle tourmentée des conifères, et sur les nuages qui entourent fréquemment le massif. Cette montagne mythique change sans cesse de visage au gré des vents et des bruines. La mer de nuages (雲海) et la lumière de Bouddha (佛光) sont des effets visuels liés à des phénomènes atmosphériques qui sont visibles depuis les sommets des montagnes se trouvant au-dessus du niveau des nuages.

Le grand format diptyque de Printemps pointé II donne à la vision de l'artiste une dynamique à l'espace, décuplant ainsi la force d'éclat du sujet.

« L'essentiel nait de la source qui jaillit au cœur du peintre », écrit Zhang Can, sous le règne des Tang. Printemps pointé II illustre ce constat à merveille; en utilisant la technique du dripping, consistant à faire jaillir la peinture en gouttelettes, Chu Teh-Chun porte la liberté du pinceau à son plus haut niveau. Cette technique est d'autant plus intéressante chez l'artiste qu'il l'a très rarement utilisée dans ses œuvres. Elle renforce peut-être en lui la première expression du chaos à laquelle Printemps pointé II répond par un formidable souffle premier qui continue d'animer l'univers.

Les couleurs et les tonalités de cette œuvre s'entendent aussi musicalement. Elle peut s'écouter avec les yeux, ce à quoi l'artiste répond en échos, « regarder une peinture, c'est comme écouter de la musique ». Printemps pointé II communique à celui qui la regarde, les vibrations du monde intérieur de l'artiste, rythmé selon la conscience des heures et des saisons.

Printemps pointé II résulte d'une recherche habile et singulière dont Chu Teh-Chun maintient sans cesse l'équilibre. Entre fidélité aux traditions séculaires de la peinture chinoise, et fidélité à sa vision intérieure du monde, animée par cet étrange rapprochement de l'abstraction avec la réalité, Chu Teh-Chun apparaît « probablement comme le plus important paysagiste chinois du début de ce millénaire ». (Chu Teh-Chun, Pierre-Jean Rémy, p.47 éd. La Différence, 2006)


Fig.1. Chu Teh-Chun dans les Montagnes Jaunes en Chine en 1983. - © D.R

Fig.2. Huang Shan - La brume, comme la fumée d'une gigantesque fournaise, monte le long des contreforts de la Capitale du Ciel. - © Marc Riboud.