Lot 3
  • 3

Maurice Esteve

Estimate
180,000 - 250,000 EUR
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Description

  • Maurice Esteve
  • Trophée
  • signé et daté; signé, daté et titré au dos
  • huile sur toile
  • 116 x 89 cm; 45 5/8 x 35 1/8 in.
  • Exécuté en 1952.

Provenance

Galerie Henri Dupont, Lille
André Léfèvre, Croix
Transmis par descendance au propriétaire actuel

Exhibited

Paris, Musée d'Art moderne, IX Salon de Mai, 1953
Venise, XXVII biennale internationale, 1954
Lille, Galerie Henri Dupont, Estève, Peintures et aquarelles, 1954
Paris, Galerie Galanis, Estève, Peintures récentes, 1955
Bâle, Kunsthalle; Düsseldorf, Kunsthalle; Copenhague, Statens Museum for Kunst; Oslo, Kunstnernes Hus, Estève (oeuvres 1919-1960), 1961
Bruxelles, Palais des Beaux-Arts, 20 peintres français, 1966
Paris, Grand Palais, Estève (oeuvres 1919-1985), 1986
 

Literature

Pierre Francastel, Estève, Paris, 1956, illustré p. 105
Monique Prudhomme Estève, Robert Maillard, Catalogue raisonné de l'oeuvre peint, Neuchâtel, 1995, no. 397, illustré p. 298.

Condition

Colours: The colours are fairly accurate in the catalogue, although the overall tonality is brighter and more vivid. Variety and subtility of colours are more important in the original. Condition: This work is in very good condition. The canvas is not lined. There are some thin scattered craquelures and a small paintloss (2 x 2 mm) in the yellow paint in the upper left quadrant (visible in the catalogue's illustration). Under UV light, there are some scattered dots of retouching which fluoresce along the upper edge.
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Catalogue Note

signed and dated; signed, dated and titled on the back; oil on canvas. Executed in 1952.


Trophée
est peint en 1952 et s'inscrit ainsi dans le sillage des tableaux déterminants dans la carrière de Maurice Estève, comme l'Hommage à Jean Fouquet, Le téméraire ou Le Ring. Leur réalisation correspond au moment où l'artiste consent à la disparition du réel et du système représentatif traditionnel dans ses œuvres. Cet éloignement de la figuration sera décisif dans son parcours.

« ... Tant et si bien que ce que le jeune Estève s'obstinait jadis à rechercher dans le monde extérieur, il le trouve désormais sur sa toile, lieu magique auquel se réduit momentanément l'univers et d'où va surgir cette topographie idéale, à l'abri des humeurs comme des saisons, qu'il ne se lassera plus d'explorer... De ces espaces muets, de ces contrées obscures, il rapporte d'étincelants trophées ... ».
(Robert Maillard, Maurice Estève – Catalogue Raisonné de l'œuvre peint, 1995, pp. 30-31).

La valeur emblématique du titre de l'œuvre, Trophée, apparaît aussitôt évidente, sachant l'importance que l'artiste attache aux titres qu'il donne à ses œuvres. La réflexion liée à leur désignation devient l'occasion de prolonger l'expérience du rapport entretenu avec elles. Dans ce contexte, Trophée s'entend bien comme la récompense, l'insigne ou le témoignage d'une victoire que Maurice Estève a remporté sur lui-même et sur sa capacité d'avoir dépassé le réel.

Maurice Estève observe également la nature sous toutes ses formes, reflétant la vie telle qu'il la perçoit. Patience, croyance dans le temps et surprise des rencontres font que l'artiste murit ses œuvres en revenant vers elles à plusieurs reprises. N'a-t'il pas d'ailleurs revendiqué le titre du "peintre le plus long du vingtième siècle".

L'eau et le feu, Maurice Estève les utilise ou les illustre singulièrement dans ses œuvres. Le feu, l'artiste le représente dès qu'il utilise la couleur. Ainsi proche de Bonnard dans le traitement de la lumière, l'artiste la représente selon une gamme chromatique flamboyante. L'inflexion, perceptible dans les contours rougeâtres, bleus et jaunes, et dans les bordures vibrantes enserrant les formes pleines, offre des transparences et des modulations subtiles au regard. Ne reconnaît-on pas d'ailleurs les mêmes oscillations de la lumière qui font plisser les yeux quand ils regardent sans protection le soleil fixement. Cette conscience de la lumière naturelle, Maurice Estève l'a depuis son séjour en Espagne en 1923, fascinant fil d'Ariane que l'artiste suivra sa vie durant.

Dans sa patiente recherche de la simplicité dans l'équilibre des couleurs et des formes, Maurice Estève remporte dans Trophée une victoire sur lui-même qu'il offre généreusement et sans complaisance à tous ceux qui, comme lui, partagent dans la vie la joie de renaître différent.


Fig.1. Maurice Estève dans son atelier rue Lepic à Paris, 1954. - © D.R.