Lot 29
  • 29

Robert Rauschenberg

Estimate
500,000 - 700,000 EUR
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Description

  • Robert Rauschenberg
  • Parliament (Borealis)
  • signé et daté en bas à droite
  • ternissures sur plaques de cuivre et de bronze montées sur châssis métallique
  • 246 x 307 cm, 96 4/5 x 120 4/5 in. (trois panneaux)
  • Exécuté en 1991.

Provenance

Pace Wildenstein Gallery, New York
Acquis directement auprès de celle-ci par le propriétaire actuel

 

Exhibited

Cologne, Galerie Alfred Kren, Rauschenberg at Alfred Kren: Robert Rauschenberg's Weksylen "Borealis" and "Night shades", 1992
Düsseldorf,  Kunstsammlung Nordrhein-Westphalen, Robert Rauschenberg, 1994
New York, Solomon R. Guggenheim Museum, Guggenheim Museum Soho and Guggenheim Museum at Ace Gallery, Robert Rauschenberg : A Retrospective, 1998, illustré p. 493

Catalogue Note

signed and dated; tarnishes on brass and copper mounted on a metal strecher. Executed in 1991.

Lorsqu'en 1964 Robert Rauschenberg reçoit la récompense suprême pour un artiste, il devient le plus jeune grand prix de toute l'histoire de la Biennale de Venise. Il a trente-neuf ans et bat tous les records de précocité dans le succès, alors que Henri Matisse avait été couronné à quatre-vingt-un ans et Jean Dufy à soixante-quinze ans. Rauschenberg est connu depuis le milieu des années 1950 pour ses Combine-paintings ou Combines, se trouvant l'inventeur d'un style original, à mi-chemin entre la peinture et la sculpture. Des animaux empaillés aux déchets de la vie quotidienne, des journaux aux photographies, aux tissus, aux papiers peints, aux équipements domestiques, Rauschenberg élargit le choix des matériaux utilisés pour les associer à la peinture. S'inscrivant dans le sillage de l'assemblage dadaïste, il a ouvert la voie à toute une génération d'artistes, les « pops », qui s'inspirent de la nature moderne, du pittoresque urbain, industriel et publicitaire des Etats-Unis d'Amérique.

En systématisant l'usage du report photographique depuis le début des années 1960, Robert Rauschenberg développe sa passion pour l'image photo. D'ailleurs n'a-t-il pas hésité, au début de son activité, entre la peinture ou la photographie? Ce processus permettant de décomposer et recomposer l'image, en l'appliquant sur toute sorte de support photo sensibilisé, donne à ses œuvres un incomparable reflet où s'inscrit l'histoire des Etats-Unis des années soixante.

Grâce à ces techniques, les effets suggestifs, de vitesse et de transparence, donnent à ses compositions une dimension symphonique, où se révèle l'intimité de la nature comme l'évocation des brumes qui montent autour des photographies à demi effacées.

La série Borealis que Robert Rauschenberg a réalisée entre 1989 et 1992, se rapporte à la fascination du phénomène lumineux, peut-être observé à l'occasion des nombreux voyages qu'il a réalisé depuis 1981 pour réaliser son projet ROCI (Rauschenberg Overseas Cultural Interchange), dont le but était de promouvoir la paix dans le monde, par le biais de collaborations artistiques.

Boréus traduit en latin ce qui vient du Nord, évoquant l'aurore boréale qui apparaît aux alentours du Cercle Polaire Arctique. Elle se rapporte à la lumière fascinante, ondoyante aux couleurs surnaturelles, due à la présence de particules solaires ionisées dans les hautes couches de l'atmosphère terrestre.

L'appareil photographique est aussi l'instrument de la lumière et de la mémoire, certaines images composant Parliament se retrouvent ainsi dans White Fence (Borealis) de 1990 ou dans Treehouse (Borealis) de 1992. La photographie permet à Rauschenberg d'enregistrer les fragments du monde qui l'environne, en créant un lien instantané avec la peinture. Les formes peintes de Parliament produisent un effet de relief, comme des papiers collés, par-dessus lesquels les applications gestuelles du verni et des solutions acides ternissent le support métallique, en créant des perspectives entre les différents sujets représentés.

Les « corrosions », comme Rauschenberg nomme aussi les œuvres de cette série, obtenues par l'effet de l'acide sur le métal, offrent une riche patine dont les réactions aléatoires laissent apparaître des tonalités vertes, brunes ou noires sur lesquelles la lumière varie en fonction des déplacements devant Parliament. Les images semblent ainsi naître de la lumière et leur composition des jeux de transparence. Les effets des couleurs obtenus par la corrosion du métal rappellent les œuvres expérimentales d'Andy Warhol, en particulier ses Oxidation Paintings réalisées à la fin des années 1970.

En inscrivant la série Borealis, dans une œuvre exploratoire sur les supports métalliques: l'aluminium dans les séries Urban Bourbon et Night Shade, le cuivre, le bronze et le laiton dans Borealis, Rauschenberg démontre une virtuosité technique sans pareil en utilisant ces métaux pour Parliament, dont les reflets satinés et cuivrés offrent l'aspect d'un chaos ordonnancé, teinté d'une élégance classique.


Fig. 1. R. Rauschenberg, White Fence (Borealis), 1990, 154.6x124.1 cm - © D.R.

Fig. 2. R. Rauschenberg, Treehouse (Borealis), 1992, 47.6x32.4 cm - © D.R.

Fig. 3. R. Rauschenberg, Sans titre (Gold Painting), 1955, 34.9x33.7x4.4 cm. - © Elliot Caplan.

Fig. 4. R. Rauschenberg, Sans titre (Combine Painting), 1954, 190.5x143.5x45.7 cm. - © Harry Shunk.

Fig. 5. R. Rauschenberg regardant à travers un film d'acétate, printemps 1969, New York. - © Hans Namuth.

Fig. 6. R. Rauschenberg, Catch (Urban Bourbon), 1993, 294.6x490.9 cm. - © David Heald.

Fig. 7. R. Rauschenberg travaillant à une oeuvre de la série Borealis en Floride, 1990. - © Tup Schmidt.

Fig. 8. Andy Warhol, Oxidation Painting, 1978. - © Collection Froehlich.