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Joan Mitchell
Description
- Joan Mitchell
- La ligne de la rupture
- signé
- huile sur toile
- 284,5 x 200,7 cm; 112 x 79 in.
- Peint en 1970-71.
Provenance
Acquis auprès de celle-ci par le propriétaire actuel en 1972
Exhibited
New York, Whitney Museum of American Art, Joan Mitchell, 1974, no. 4, illustré p. 10
Paris, ARC-Musée d'Art Moderne de la Ville de Paris, Joan Mitchell, choix de peintures 1970-1982, 1982, illustré p. 21
New York, Whitney Museum of American Art; Alabama, Birmingham Museum of Art; Texas, Modern Art Museum of Fort Worth; Washington D.C, The Phillips Collection, The Paintings of Joan Mitchell, 2002-2004, pl. 34, illustré p. 146
Literature
Paul Richard, Joan Mitchell's Bleak Horizons, in 'The Washington Post', 28 février 1988, cité p. D11
Jack Flam, The Gallery: Joan Mitchell; East Europe's Avant-Garde, in 'Wall Street Journal', 28 Mars 1988, cité
Sara Frankel, Color her 'Joan Mitchell', in 'Examiner', San Francisco, 27 mai 1988, illustré
Artweek, volume 19, numéro 24, San Francisco, 25 juin 1988, illustré p. 1
Michel Waldberg, Joan Mitchell, Paris, 1992, illustré p. 100
Whitney Museum of American Art, Calendar, Juin-Août 2002, illustré p.5
Peter Walsh, in 'Museum New York', Printemps 2002, illustré p. 86
Astratto su tela, AD, édition italienne, juin 2002, illustré
Daily Candy, Joan of Art, in 'The New York Sun', 20 juin 2002, illustré p. 12
Hélène de Billy, Joan Mitchell: la rage de peindre, in Le Devoir, 13-14 juillet 2002, illustré p. D6
Mark Stevens, The Un-Ironist, in 'New York', 15 juillet 2002, illustré
Gaile Robinson, Joan Mitchell poured torment onto paintings, in 'Star-Telegram', Texas, 20 septembre 2003, illustré
Condition
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Catalogue Note
signed ; oil on canvas. Painted in 1970-71.
'La Lumière, c'est le temps, mais l'espace, c'est la couleur' Gilles Meleuze, Logique de la sensation, Paris, 1981, p. 130
Fig. 1. Joan Mitchell dans son atelier © droits réservés
Fig 2. Claude Monet, Nymphéas, 1907, huile sur toile, The Museum of Fine Arts, Houston
Fig 3. Mark Rothko, Hommage à Matisse, 1957, huile sur toile, collection particulière
Fig.4. Vincent Van Gogh, Champ d'oliviers, 1889, huile sur toile, Konstmuseum, Göteborg
Joan Mitchell s'installe en 1969 à Vétheuil, tout près de la maison où Claude Monet a peint, de 1878 à 1881, quelques uns de ses plus grands chef-d'œuvres. Elle y trouve un équilibre qui lui permet de construire les désormais fameux ensembles considérés à juste titre comme les plus complets : Sunflower Series en 1969, Blue Series en 1970-71, Fields Series en 1972.
Cette américaine qui vient régulièrement en France dès la fin des années 50, y trouve un espace d'expression à la hauteur de ses espérances. Marquée et influencée autant par les classiques Van Gogh et Cézanne que par l'école des expressionnistes abstraits dont Jackson Pollock est l'incontestable figure tutélaire, Joan Mitchell trouve pour la première fois un véritable atelier et un environnement favorable. Cette artiste d'artistes, enfermée dans un statut la liant à la seconde génération des expressionnistes abstraits, se révèle en pleine lumière. Cette exquise maturité l'entraine sur de nouveaux territoires. C'est à ce moment là que l'artiste peint ses plus grandes merveilles. Carter Ratcliff parle d'une « calme célébration de la lumière ». Ce n'est pas un hasard si les premières rétrospectives muséales qui lui sont consacrées ont lieu d'abord en 1972 à l'Everson Museum de Syracuse puis en 1974 au Whitney Museum de New York.
La ligne de la rupture, est avec Salut Sally, une de ces œuvres les plus célèbres. Mitchell a longtemps admiré la poésie de Jacques Dupin. Elle reprend ici un de ces titres.
« La ligne de la rupture démontre la parfaite maitrise de l'art de peindre de Joan Mitchell. Projections, coulures, travail au couteau sont combinés à de nerveux aplats travaillés à la brosse. Douce et puissante, épaisse et légère, la sensualité et la matière sont ici revendiquées. Mitchell ne s'interdit aucune technique....Une architecture de couleurs froides vient modérer l'intensité et l'exubérance des couleurs chaudes, prévenant l'ensemble d'une impossible confusion ». Judith E . Benstock, Joan Mitchell, New York, 1988
Pur moment de peinture ou peinture du moment pur : on est frappé par ce mélange de liberté débridée, de fraîcheur du geste et de grande discipline.
« Je porte mes paysages avec moi » avait l'habitude de dire l'artiste.
On oscille d'un côté à l'autre, tantôt aspiré par les multiples détails comme autant de prouesses techniques, tantôt égaré, presque perdu, dans ces grands aplats de couleurs mauves et bleues soigneusement disposées par l'artiste sur sa toile. Les ors sont à Van Gogh ou à Klimt, les mauves et les bleues viennent de Giverny sous la palette de Claude Monet tandis que les blocs prennent leur sources chez Hans Hoffman ou Mark Rothko.
Espaces qui s'emboitent, formes qui se percutent, couleurs qui s'affolent, cette œuvre qui porte dans son titre même sa fracture, pousse son spectateur à trouver son chemin. Jardin rêvé, espace sublimé, on se laisse volontiers submerger par ce concert de couleurs, de matières que Mitchell, tel un chef d'orchestre, a mis en place. Œuvre d'un seul artiste, on a l'impression de faire face à une multitude, une polyphonie.
Il faudra attendre une dizaine d'années pour retrouver chez Mitchell pareille inspiration avec la série des Grandes Vallées.