Lot 55
  • 55

Luc-Olivier Merson Paris 1846 - ? 1920

Estimate
30,000 - 50,000 EUR
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Description

  • Luc-Olivier Merson
  • La fuite en Egypte
  • Signé et daté en bas à droite Luc Olivier Merson MDCCCLXXX
  • Huile sur toile
  • 72,4 x 128,3 cm; 28 1/2 x 50 1/2 in

Provenance

Collection Arthur Fouques-Duparc;

Vente Fouques-Duparc, Galerie Georges Petit, Paris 8 mai 1919, n° 21 (ill.);

Collection Vivienne Haddard;

Vente Haddard, Sotheby's Londres, 5 novembre 1969, n° 102;

Collection Manoukian, Paris;

Vente Sotheby's Londres, 25 novembre 1981, n° 45;

Acquis à cette dernière vente par le propriétaire actuel

Exhibited

L'Art et la Vie en France à la Belle-Epoque, Fondation Paul Ricard, Bendol, 1971;

Les Perfectionnistes, peintres du réel et de l'imaginaire, Galerie Tanagra, Paris, du 27 novembre 1974 au 27 janvier 1975, n° XIII

Literature

Philippe Jullian, Les Orientalistes, Phaidon Oxford, 1977, p. 61 (reproduit);

Catalogue du Musée des Beaux-Arts, Nice 1986, la version Manoukian citée page 86;

Catalogue de l'exposition Egyptomania, l'Egypte dans l'art occidental, 1730-1930, Paris RMN, Ottawa Musée des Beaux-Arts 1994, cité page 498 note 13

Catalogue Note

Le grand tableau exposé au Salon des Artistes français à Paris en 1879 (Museum of Fine Art, Boston) connut immédiatement un succès extraordianire, les visiteurs du Salon le contemplant dans une "irrésistible et inhabituelle fascination". Il est certain que l'atmosphère poétique, sereine et apaisée de cette scène nocturne dominée par un sphinx aux yeux éteints tournés vers un ciel vide, et protégeant de ses pattes puissantes la fragile lueur, avait de quoi impressionner le public du Salon de 1879 dans lequel dominaient les sujets académiques, naturalistes et historiques. Merson en fit donc au moins deux répliques, le tableau présenté ici et celui de même taille et de même date conservé au Musée Chéret de Nice.

Le catalogue du musée des Beaux-Arts de Nice (Nice 1986) décrit ainsi la composition: "...Dans la profonde et paisible nuit d'Egypte, la sainte Famille, qui a fui la cruauté du roi de Judée Hérode, trouve un repos mérité, sous un ciel constellé d'étoiles. Le feu est presque éteint...Marie et l'Enfant ont trouvé refuge entre les pattes d'un antique sphinx. Dans cette étrange atmosphère grise et bleue, le peintre a su mettre remarquablement en présence deux religions qui semblent alors se télescoper dans l'espace et dans le temps: l'immémoriale religion des pharaons d'Egypte, et le christianisme symbolisé par l'Enfant né dans la pauvreté et l'humilité...Luc-Olivier Merson a encore accentué l'étrangeté de cette rencontre en insistant sur la clarté surnaturelle qui émane de l'Enfant divin. Cette lumière intérieure contraste avec la masse sombre du sphinx, désormais muet, le représentant des anciens dieux qui seront bientôt détrônés par le nouveau Dieu..."

L'étendue de l'influence du tableau de Merson a été extraordinaire. En 1893, le peintre américain Frederick Rape exposa au Salon de la Société Nationale des Beaux-Arts Les Deux Eres, une variation sur le même sujet, tandis qu'Agnès Repplier, l'auteur de The Fireside Sphinx (1901), écrivit - inspirée par la peinture de Boston - le poème repris dans maintes anthologies, "Le Repos en Egypte". En France le poète Albert Samain composait Le Repos en Egypte "La nuit est bleue et chaude et le calme infini......." qui décrit exactement le tableau (in Symphonie héroique). En Russie, le sphinx de Merson fut adapté - de façon incongrue -, pour l'affiche annonçant un bal en 1902, tandis que le Polonais Eugeniusz Steinsberg réalisait en 1889 une étonnante paraphrase dédiée à l'amour profane. L'utilisation qu'en fit George Bernard Shaw dans une scène de son César et Cléopâtre, où il substitue Cléopatre à la Vierge, est encore plus révélatrice de la perennité de l'influence du tableau. Dans une lettre à Hesketh Pearson en 1918, il écrivit: "La scène du sphinx m'a été suggérée par une peinture française sur la fuite en Egypte. Je n'arrive jamais à me souvenir du nom du peintre; mais la gravure que j'ai vue dans une vitrine quand j'étais enfant...est restée trente ans dans le grenier de ma mémoire avant que je l'en sorte et l'expoite pour le théâtre." (cf catalogue de l'exposition Egyptomania, pages 496-498)